Homo Naledi inhumait ses morts

El Homo Naledi enterraba a sus muertos. Podría tratarse del hallazgo más antiguo que evidencia este tipo de ritual funerario.


10 SEPTEMBRE 2015 / ARCHÉO, SCIENCES HUMAINES ET DIVERS
fuente: http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2015/09/les-homo-de-rising-star-baptis%C3%A9-naledi.html
Les os fossile d'Homo naledi proviennent de 15 individus au moins (John Hawks. Université de WitwatersrandLes os fossile d'Homo naledi proviennent de 15 individus au moins (John Hawks. Université de Witwatersrand

Une nouvelle star apparaît dans le ciel de l'histoire ancienne du genre humain. Une nouvelle espèce du genre Homo, baptisée Homo naledi, découverte dans les grottes dites de Rising Star, à 500 km de Johannesburg en Afrique du Sud.
Naledi pour "étoile" en langage Sesotho. Une espèce encore non datée, mais qui semble remonter aux origines du genre Homo de par ses caractères primitifs. Sauf qu'elle aurait déposé dans cette grotte de nombreux individus dans un geste funéraire ! Un comportement totalement inédit pour une telle ancienneté.
La découverte de cette grotte recelant des fossiles pré-humains remonte à 2013, et est due à deux spéléologues, Steve Tucker et Rick Hunter. Elle excite depuis sérieusement les paléo-anthropologues.

Crâne de Homo naledi (John Hawks Université de Witwatersrand)Crâne de Homo naledi (John Hawks Université de Witwatersrand)Elle fait l'objet ce matin d'une communication de l'University de Witwatersrand, de la  National Geographic Society et du South African Department of Science and Technology de la National Research Foundation qui présente une première analyse de ces vestiges pour le moins intrigants par une équipe scientifique dirigée par Lee Berger, de l'University de Witwatersrand. Lee Berger est déjà bien connu pour la découverte d'Australopithecus Sediba (lire une note de 2011 sur ce fossile lors de la publication de l'article dans Science avec une interview de Pascal Picq). Des chercheurs de la Max Planck Gesellschaft de Leipzig participent à cette équipe.

CARACTÈRES ANATOMIQUES

Les restes pré-humains n'ont pas encore été datés (la datation est difficile, car il faut la faire directement sur les os fossiles en l'absence d'autres éléments datables et datant de leur mort), mais ils présentent des caractères anatomiques aujourd'hui bien décrits à la suite d'un workshop organisé en Afrique en mai 2014 auquel 50 chercheurs ont participé. L'abondance des fossiles - plus de 1 500 ossements découverts provenant d'au Pied d'Homo naledi (John Hawks université de Witwatersrand)Pied d'Homo naledi (John Hawks université de Witwatersrand)moins 15 individus différents (enfants, adultes et vieux), mais avec presque tous les os d'un squelette complet - en fait d'emblée l'une des espèces fossiles de pré-humain qui sera la mieux décrite. Il s'agit d'un primate d'environ 1,50 mètres à l'âge adulte, plutôt gracile avec environ 45 kg. Une tête petite, et un cerveau de la taille d'une orange.
Il présente des caractères dont la qualification de "primitifs" et "dérivés" font toujours l'objet de vives discussions entre spécialistes. Homo Naledi possède des pieds ainsi que des jambes, plutôt longues, très adaptées à la marche bipède sur longue distance. Au point qu'un membre de l'équipe décrit les pieds comme "indistinguables" du pied d'un homme actuel.
Les dents et la plupart des os semblent en revanche le rattacher aux plus vieux représentants du genre Homo, voire à un genre antérieur (australopithecus) au vu de ses mains très adaptées à la vie arboricole (les doigts très courbés pour la grimpe dans les arbres etMain d'Homo nadeli (John Hawks Université de Witwatersrand)Main d'Homo nadeli (John Hawks Université de Witwatersrand)la suspension aux branches). Au total, il semble plus proche des plus anciens membres du genreHomo (Homo habilis) doncil y a 2,5 millions d'années.
Mais le plus surprenant dans la découverte, c'est la disposition des ossements. Regroupés dans une partie très difficile d'accès de la grotte, à 30 mètres sous la surface. Exclusifs : à part quelques os d'une souris et d'un oiseau, uniquement des ossements d'Homo naledi. Aucune trace sur les os de l'action d'un carnivore qui aurait tué et dévoré ces êtres ni de charognage après la mort. Comment sont-ils arrivés là, dans une sorte de chambre qui n'a jamais été en contact direct avec la surface ?
La chambre où les fossiles ont été trouvésLa chambre où les fossiles ont été trouvés

Les scientifiques ont étudié de nombreuses hypothèses, comme un piège naturel, l'action d'un cours d'eau... aucun ne semble fonctionner. Du coup, il ne reste qu'une hypothèse plausible : un acte funéraire ! Sauf qu'un tel comportement serait complètement inédit pour une espèce aussi éloignée dans le temps et l'anatomie des néandertaliens et des hommes modernes pour lesquels ce comportement est clairement identifié il y a près de 100.000 ans au Proche Orient, ou pour certains, dans la grotte de Atapuerca en Espagne, où des pré-néandertaliens (Homo heidelbergensis) auraient ainsi traité leurs morts, il y a au plus 400.000 ans. Sauf qu'entre un pré-néandertalien de cette époque, utilisant des outils (un biface a été trouvé sur le site), et Homo naledi, le fossé cognitif semble profond.

CO-EXISTENCE DE NOMBREUX AUSTRALOPITHÈQUES ET HOMOS

Cette annonce vient renforcer la variété des espèces des genresAustralopithecus et Homo qui ont co-existé sur une très longue période de temps, faisant de l'unicité actuelle d'Homo sapiens une exception. La plupart de ces espèces ne semblent pas avoir eu de descendants. Mais la nature des relations qu'elles ont entretenues - avec la possibilité ou non d'hybridation - demeure énigmatique. Tout autant que l'intrigante absence dans le registre fossile des ancêtres des chimpanzés et des gorilles, les espèces actuelles les plus proches des hommes.
L'équipe de spéléologues qui ont récupéré les os fossilesL'équipe de spéléologues qui ont récupéré les os fossiles

Intrigante, car elle conduit à se demander si elle ne proviendrait pas du "classement" plutôt que de la réalité, les paléo-anthropologues étant trop obnubilés et guidés par la volonté de retrouver le cheminement de la lignée qui conduit à l'homme actuel. Certains d'entre eux soupçonnent un biais qui ferait qualifier de "primitif" tout caractère faisant penser aux chimpanzés et aux gorilles, ce qui, selon eux (Pascal Picq notamment) constitue une erreur de raisonnement. Les chimpanzés et les gorilles sont en effet tout aussi "évolués" relativement à leurs ancêtres d'il y a 6 millions d'années - l'époque où les lignées conduisant aux hommes et aux grands singes sont censées se séparer selon la biologie moléculaire -  que les hommes actuels vis à vis de leurs ancêtres.
Lee Berger sur le site archéologique (Université de Witwatersrand)Lee Berger sur le site archéologique (Université de Witwatersrand)

Du coup, un caractère jugé aujourd'hui primitif, comme l'adaptation à la vie arboricole, parce qu'ils le portent, pourrait tout aussi bien être un caractère "dérivé", apparu récemment dans leurs lignées. La situation est d'autant plus compliquée que les possibilités d'hybridation entre espèces non totalement séparées, avec une descendance fertile, est très délicate à mesurer ou à écarter. La proposition iconoclaste de certains chercheurs de réunir en une seule espèce, sous le nom d'Homo erectus, un grand nombre d'espèces aujourd'hui considérées comme séparées montre bien la difficulté de l'affaire.
Ce débat encore confus ne pourra être tranché qu'avec la mise au jour des ancêtres des chimpanzés et gorilles, soit sur le terrain, par des découvertes, soit... dans les collections actuelles des fossiles qui remontent à la période de séparation des deux lignées, il y a environ 6 millions d'années.


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